Les ministres de la Défense et de la Justice, Ludivine Dedonder et Vincent Van Quickenborne, responsables des deux services de renseignement belges, le SGRS et la Sûreté de l'Etat (VSSE), ont annoncé mardi avoir pris des "mesures importantes" pour améliorer la coopération entre ces deux services, en envisageant notamment la création d'un "statut unique pour les métiers du renseignement".
La VSSE et le Service général de Renseignement et de Sécurité (SGRS) de l'armée ont déjà pris des mesures importantes ces dernières années pour renforcer leur coopération, comme la mise sur pied d'équipes mixtes travaillant au quotidien dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.
renforcer davantage cette coopération par un engagement formel et inédit
Dans un communiqué conjoint, Mme Dedonder (PS) et M. Van Quickenborne (Open Vld) ont indiqué souhaiter "renforcer davantage cette coopération par un engagement formel et inédit", qui passe par trois priorités: l'élaboration d'un cadre juridique commun pour l'infiltration d'agents et pour les informateurs, la création d'un statut unique pour les métiers du renseignement pour l'Organe de Coordination pour l'Analyse de la Menace (OCAM), la VSSE et le personnel civil du SGRS ainsi que l'élaboration d'un nouvel accord de coopération entre les deux services de renseignement civils et militaires qui abrogera le précédent, conclu en 2018.
"Tel que prévu dans l'accord de gouvernement (de l'équipe De Croo), la loi du 30 novembre 1998 sera ajustée afin de renforcer la position de l'information de la VSSE et du SGRS. Les deux services s'engagent à l'élaboration d'un cadre juridique commun pour l'infiltration d'agents et pour les informateurs afin que nos deux services puissent infiltrer davantage les réseaux terroristes", soulignent les deux ministres.
Au cabinet de M. Van Quickenborne, on précise que cette modification de la loi doit notamment permettre aux agents de créer de "faux profils" sur les réseaux sociaux pour afficher, par exemple, des sympathies envers les causes (extrémistes, terroristes ou djihadistes) défendues par les individus observés, ce qui est actuellement légalement interdit.
Quant à la création d'un statut unique pour les métiers du renseignement pour le personnel de l'OCAM, de la VSSE et des civils du SGRS, il s'agit d'une recommandation de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats du 22 mars 2016. "Cela devrait permettre une politique moderne de la gestion des ressources humaines des services de renseignement", indiquent Mme Dedonder et M. Van Quickenborne.
Selon eux, ce statut unique permettra d'accroître la mobilité du personnel entre les services, d'augmenter les opportunités de carrière, de faciliter la coopération au quotidien et de rendre plus efficace le partage d'informations.
Le nouvel accord de coopération doit abroger celui datant de 2018 et permettre de mieux coordonner les tâches et les missions du SGRS et de la VSSE, tout en renforçant les deux services de renseignement, par exemple en matière de cybersécurité.
"Nous travaillons sur une communauté du renseignement belge unique qui doit protéger nos citoyens et la démocratie. Nous y parvenons grâce à un déploiement efficace de nos employés et de nos ressources, à une coopération plus étroite entre les services et à une position de l'information renforcée en nous concentrant sur la numérisation", a commenté le ministre de la Justice, cité par le communiqué.
"D'une part, nous franchissons aujourd'hui un pas supplémentaire en créant une véritable communauté du renseignement et en faisant travailler ensemble les services de sécurité de la meilleure façon possible. D'autre part, cela montre à quel point nous considérons les recommandations de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats. La sécurité pour chaque résident de Belgique est un droit fondamental et cet engagement commun est une pièce importante du puzzle pour y parvenir", a pour sa part affirmé Mme Dedonder. (INT, POL, GGD, DCL, fr)